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Une romance pornographique
22 septembre 2015

Chapitre 1 : PORTABLE

 

21 février 2014, 12h04

Debout, immobile devant la fenêtre de la cuisine, je l’observe en terminant hâtivement mon soda. Fidèle à ses anciennes habitudes, elle a déboulé à toute allure, musique à fond. D’une unique manœuvre, elle a garé sa Citroën C3 sur l’emplacement  qui était le sien lorsque nous étions ensemble. 

 J’aperçois déjà son délicat visage masqué partiellement par son téléphone. Elle croise mon regard, elle me sourit. De la main droite,  elle me salue et, inclinant la tête sensuellement, m’envoie un clin d’œil appuyé. Tout en continuant sa conversation, elle ouvre la portière et s’extirpe maladroitement de la voiture. Maintenant à nouveau en position verticale, bien campée sur ses appuis, elle a retrouvé sa grâce naturelle. Une légère brise fait voleter délicatement les mèches de ses courts cheveux châtain clair savamment ébouriffés. Ses yeux de biche couleur de noisette,  surlignés d’un trait de crayon noir, ne se détournent plus de moi. Son sourire malicieux laisse apparaître une dentition parfaitement alignée. De son pardessus marron s’échappent de longues jambes finement ciselées, moulées dans un jeans tellement serrant qu’on pourrait croire à une peinture corporelle. 

Fasciné par cette scène, je ne réalise pas immédiatement qu’elle attend que je vienne l’accueillir. Au pas de course, je dévale l’escalier qui me conduit au niveau de la rue.  Au travers de la vitre sablée, j’assiste à l’approche d’une ombre devenant de plus en plus nette. Lorsque j’ouvre la porte, son portable est toujours coincé contre son oreille. De sa voix cristalline,  elle murmure : 

-                    « Un instant »

Pensant que ses mots me sont destinés, je garde le silence.  Une fois à l’intérieur et ayant refermé derrière elle, délicatement, elle pose un baiser sur mes lèvres. Afin de lui laisser le temps de clôturer sa communication, je me glisse derrière elle et passe  mes bras autour de sa taille. J’embrasse furtivement la base de son cou. Bizarrement, elle garde les bras ballants et ne semble pas vouloir reprendre son appel. N’y prêtant guère attention, je laisse mes mains s’aventurer au-dessus de son manteau et dégrafe un à un les boutons. Puis d’un geste doux, ma main gauche attire sa bouche à la mienne. Je l’embrasse goulûment. Elle me répond avec passion. Brusquement, elle recule d’un pas et se tourne vers moi. Les pans ouverts de sa veste me laissent contempler la nudité de son buste. Je m’extasie, une fois de plus, devant la blancheur nacrée de sa peau,  son ventre plat et le galbe parfait de ces si petits seins. Cette poitrine, mon fantasme depuis plus d’un an!  Aussitôt, à voix basse, elle me demande :

 « On monte ? »

Surpris par tant d’empressement, je réponds calmement et simplement :

« Oui, si tu veux. Vas-y, passe devant, tu connais le chemin. »

Silencieusement, nous gravissons rapidement  les deux volées d’escaliers tout en échangeant des regards complices teintés de lubricité. Sans hésiter, elle se dirige vers ma chambre, contourne le lit et fait subtilement glisser au sol son caban. Dans un dernier instant de lucidité, je me dirige vers les larges fenêtres et tire sèchement  les minces rideaux rouges.  En un battement de paupières, la pièce se retrouve nimbée d’une lumière vaguement orangée suffisamment intense pour  nous permettre une vision correcte.  Me tournant à nouveau vers elle,  je la vois poser le gsm sur la table de nuit. A nouveau, je l’enlace et prends possession de ses lèvres. Nos corps pressés l’un contre l’autre diffusent une énergie sexuelle intense.

Durant plusieurs minutes, nos bouches ne se quittent plus, nous nous frottons l'un à l’autre, nous nous caressons,… Quand ce baiser ardent s’éteint, un brin décontenancé, je l’interroge :

« Tu as raccroché sans prendre congé de ton interlocuteur ? »

Elle rit doucement et me glisse : 

« Non, je n’ai pas raccroché… »

Avant que je ne puisse formuler un mot, avec beaucoup de délicatesse et d’assurance, elle m’enlève mon T-shirt.

Perplexe, j’insiste :

« Et tu ne veux pas terminer la conversation ? 

-                    Non, il va nous écouter… 

-                    Il ? … Pierre ?

-                    Oui…Cela te dérange ? Me susurre-t-elle d’une voix faussement naïve »

Dans quelle nouvelle pièce sordide m’a-t-elle amené à jouer un rôle ? Comment en sommes-nous arrivés là ?  Rapidement, je me remémore les événements des dernières vingt-quatre heures.

Son appel,  durant la matinée de la veille. Premier appel depuis des mois. Appel durant lequel elle avait prétexté un besoin urgent d’imprimer des documents. Tout cela sonnait on ne peut plus faux. J’étais conscient qu’elle avait une arrière-pensée.

Depuis longtemps résolu au fait que notre brève histoire n’avait été à ses yeux qu’un agréable interlude entre deux crises de couple, je ne m’étais évidemment pas fait d’idées quant à un improbable retour dans son cœur.  Pour être parfaitement honnête, j’avais pour hypothèse qu’elle avait besoin de se confier et que les souvenirs de notre bonne communication, l’avaient amenée à penser que je pouvais lui prêter l’oreille dont elle avait besoin. 

Ce qui avait suivi m’avait conforté dans cette vision des choses: lors de son passage, le soir même,  nous avions longuement évoqué les problèmes que rencontrait son ménage. Le manque de reconnaissance, l’absence d’une certaine forme de respect,  les tromperies et les mensonges répétés de son  compagnon de route (comme elle aimait le nommer). Elle était profondément affectée et elle avait besoin de l’exprimer, d’être non seulement écoutée mais aussi entendue et comprise. J’avais été, entre nombreuses autres choses, son confident et, le temps d’une soirée, le redevenais.

En ce qui me concerne, rien de ce que j’ai entendu ce soir-là ne m’avait surpris  puisque  chacun de ces comportements blessants avait été la cause de leurs désunions précédentes. Ne voulant pas m’ingérer, je n’insistai  pas vraiment sur le fait que je pensais que leur union serait à jamais condamnée à vivre des cycles sinusoïdaux et que Pierre retomberait inlassablement dans ses travers.

C’était  d’ailleurs durant un de ces moments d’éloignement, que je l’avais rencontrée et vécu ce qui reste jusqu’à ce jour ma plus grande passion. 

Notre relation, elle l'avait aussi largement commentée, me répétant, une  nouvelle fois, combien elle avait été épanouie, heureuse et respectée. Je pris ces mots pour une forme d’excuses pour le mal qu’elle savait avoir causé en me quittant pour retourner avec lui.

Elle avait même poussé le vice jusqu’à évoquer les moments torrides que nous avions vécus elle et moi et à me faire de subtiles avances qu’elle savait que je ne pourrais accepter vu la présence de mes enfants endormis à l’étage. 

Lorsqu’elle avait pris congé, elle m’avait tout de même arraché un langoureux baiser.  J’avais mis cette dernière dérive sur le compte de son besoin insatiable de plaire et de se rassurer sur son potentiel de séduction.

Le lendemain matin nous avions entrepris un échange de SMS  qui ne tarda pas à dériver sur des sujets brûlants et à nous amener à nous donner rendez-vous chez moi quelques heures plus tard. Une fois encore, crédule, j’avais postulé qu’elle avait besoin de se réconforter et que mes bras qu’elle connaissait par cœur étaient le refuge idéal pour elle. Quelles raisons aurais-je eu de refuser  une pareille proposition ? J’avais été profondément amoureux de cette femme. J’avais aimé sa beauté, sa présence, son charme, son rire délicat, son esprit, son écoute,….  J’avais connu avec elle les meilleurs moments de ma vie d’homme et, chaque jour, je regrettais les couleurs pastel qu’elle avait apportées dans ma vie.

 A ce moment précis, la perplexité est telle que je n’ai plus la moindre hypothèse sur les raisons pour lesquelles elle a provoqué cette rencontre.

Mon élan coupé, je m’immobilise … Elle, nullement troublée a entrepris de caresser mon torse et s’apprête à dénouer ma boucle de ceinture quand elle me demande beaucoup plus discrètement:

« Tu aurais voulu m’avoir rien que pour toi, n’est-ce pas ?

-                     Oui …. Enfin non … Je ne sais pas, bredouillai-je complètement perdu.

-                     Si tu n’en as plus envie nous pouvons en rester là …. »

Ma ceinture gît au sol et mon jeans est largement déboutonné. Sa main glisse entre l’étoffe et mes hanches.  Tout en continuant à attiser mon désir, pernicieusement, elle ajoute :

« …Ou tu pourrais faire comme s’il n’était pas là… Comme avant quand nous nous retrouvions après une journée de travail …. Ou comme quand nous nous sommes retrouvés dans ce parking de supermarché … Tu te rappelles combien c’était intense ? Tu te rappelles  nos étreintes ? »

Abandonnant tout sens commun, oubliant le côté bizarre et grotesque de la situation, je la pousse vigoureusement sur le lit, me couche sur elle et lui manifeste mon envie du moment :

«  Je ne vais certainement pas laisser passer cette occasion de m’envoyer en l’air avec toi … probablement pour la dernière fois. » 

Elle m’embrasse et, presque tristement, me sourit.

« Fais-moi jouir … Comme avant, me susurre-t-elle d’une voix quasiment inaudible. Je veux qu’il entende comment c’était bon entre nous. Je veux qu’il sache comment tout se passait bien entre nous avant qu’il ne revienne à moi et m’arrache à toi.  »

D’une seule main, je maintiens ses  bras au-dessus de sa tête. Ma bouche court sur la sienne, sur sa nuque, sa poitrine, ses épaules, ... De l’autre, habilement, je termine d’ôter ce qu’il nous restait de vêtements.

Rapidement, elle gémit… dans une tonalité que je crois reconnaître : elle attise mon excitation, elle se fait entendre mais je ne suis pas dupe et je sais qu’elle est encore loin du plaisir.
Alternativement, mes doigts l’effleurent, l’émoustillent, la pincent … la fouillent.

Son intonation, subtilement, change. Elle veut reprendre le contrôle. Je l’en empêche. Mon étreinte se fait plus ferme autour de ses poignets. Mes baisers se muent par moments en de petites morsures qui lui arrachent des râles de contentement.  Je m’attarde particulièrement sur ces seins qu’Aphrodite n’aurait pas reniés.

Le ton des gémissements et les regards un peu fous qu’elle me lance m’indiquent que nous venons de commencer à passer aux choses sérieuses …

«  Il y a une limite ? L’interrogé-je.

- Aucune …

- Je te fais  tout ce dont j’ai envie ?

- Absolument tout … Ne te prive pas…

- Même par rapport à lui ?

- Absolument … Surtout par rapport à lui »

Je saisis le combiné et d’une voix  perverse je crache dans le micro:

« Pierre, écoute bien, je crois que tu vas beaucoup aimer ce qui va suivre »

Je tiens le combiné près de nos corps, la regarde droit dans les yeux, remarque son sourire, puis subitement la pénètre sans ménagement. Longuement, je fais profiter notre interlocuteur de tous les sons issus des glissements, frottements, succions ….

Laissant le téléphone traîner à côté de nos corps emmêlés, j’approche ma tête de son oreille et lui chuchote afin d’être certain de n’être entendu que par elle :

« Je sais que tu ne tiens plus à moi. Je sais que je suis ton jouet… ta chose… comme tu es la sienne …. »

Elle ne me répond pas,  détourne le regard, passe les bras autour de mon cou et me serre contre elle comme elle ne l’a jamais fait.

Nos ébats durent une éternité. Nous recommençons plusieurs fois. Nous l’avons oublié, nous nous amusons seulement entre nous. Dans ma tête, il n’existe plus, il n’y a plus qu’elle et moi. J’ai totalement perdu de vue la présence de l’appareil qui parfois  se rappelle à notre bon souvenir en nous gênant dans l’une ou l’autre acrobatie.  Nous atteignons plusieurs fois, bruyamment, la jouissance. Pour la première fois, ensemble nous échangeons des mots crus et vulgaires.

Après plus de deux heures, la fatigue a raison de nous, nous nous interrompons et reprenons notre souffle serrés l’un contre l’autre.  Après un instant, d’une voix rauque, elle me supplie :

« De l’eau, s’il te plaît »

S’il te plaît. Je souris. Oui, même en de pareilles circonstances, Chiara garde son savoir vivre et le sens des convenances. Redevenu un parfait gentleman, je m’exécute et  lui apporte un gobelet d’eau qu’elle vide d’un trait.

Elle s’assied  adossée à la tête de lit. Je m’allonge un peu plus loin. Nous nous faisons face. Nous discutons de la suite de la journée, de comment nous allons nous quitter d’ici quelques minutes pour vaquer à nos occupations quand, tout à coup, je me souviens de l’appareil. 

«  Il est toujours en ligne ? Tu ne raccrocherais pas ? »

Elle sort le portable d’entre deux draps et s’enquiert :

« Mon amour ?

-                     ….

-                     Oui, nous avons terminé. »  Ajoute-t-elle, tout sourire .

Un nouveau blanc suivi de : 

« Ca va ? »

Subitement, son joli minois se décompose et devient livide.   Je me redresse et m’assieds, moi-même pour mieux l’observer tandis qu’elle continue :

«  Tu es sûr ? 

-                     …

-                     Ok, bisous, je t’appelle plus tard »

Elle raccroche mais ses traits ne sont pas plus sereins

Je lui demande :

« Tout va bien?

-                     C’est Pierre : Il avait l’air vraiment bizarre…

-                     En même temps, vu la punition que tu viens de lui infliger, il faut peut-être lui laisser un peu digérer.

-                     Mais ce n’était pas une punition … J’avais envie de venir te voir et, vu ce qu’il m’a fait subir ces derniers temps, il aurait été mal placé pour me le reprocher. 

-                     Mais pourquoi le téléphone dans ce cas … »

Se levant et commençant à se revêtir, elle continue :

« Je ne sais pas … Il m’a appelée alors que j’étais en chemin pour te rejoindre. Il m’a demandé où j’allais et je lui ai répondu que je venais te voir. Il a voulu savoir si j’allais coucher avec toi. J’ai été honnête…. Il a insisté pour que je garde la ligne ouverte pendant que j’étais  avec toi … J’ai cru que cela l’excitait »

Je saisis maintenant  combien cette mise en scène était encore plus malsaine qu’imaginé … Je remercie le destin de m’avoir éloigné de cette femme. Je comprends à quel point elle aurait pu faire encore plus de dégâts dans ma vie que ceux qu’elle avait déjà faits. Quoi qu’il en soit, j’éprouve toujours un sentiment trouble pour elle, quelque chose teinté de  tendresse et d’attirance. Il ne faudrait pas que je la revoie trop souvent : je tomberais sous sa coupe et, une nouvelle fois,  elle ferait ce qu’elle voudrait de moi. 

J’emboîte le pas et rapidement m’habille à mon tour. Elle a  l’air tout aussi pressée de partir qu’elle ne l’était de monter. Je la raccompagne et lui demande :

« Tu me diras ce qu’il en est pour Pierre ? Je m’en voudrais de vous avoir causé du tort.

-                     Tu ne dois pas t’en vouloir, tu n’es pas responsable. Je savais ce que je faisais. Je vais l’appeler et je te dirai ce qu’il en est. Mais ne t’inquiète pas pour nous. Tout ira bien. Je te remercie pour ce bel après-midi. »

 Elle colle ses lèvres contre les miennes, me caresse l’arrière du crâne, tourne les talons et s’éloigne. Arrivée à  son véhicule,  à moitié tournée dans ma direction, elle porte la main à sa bouche pour m’envoyer un dernier baiser.

Brutalement, elle démarre pour sortir de la place de parking, manœuvre brièvement pour faire demi-tour et accélère violemment. Colin Mac Kiki a encore frappé.

Du seuil de ma porte, je regarde le bolide gris métal s’éloigner rapidement avant de disparaître au premier carrefour. 

 

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Commentaires
P
Bonsoir, <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai toujours considéré "la folie" comme un remède à la frustration ... <br /> <br /> Un jour peut être je me lâcherai, je l'ai déjà fais dans le passé, mais pas au point où toi tu as été. Je me suis laissée allée sans me poser trop de questions. <br /> <br /> les conséquences ont été terribles, et j'ai failli me perdre au passage. <br /> <br /> Difficile de savoir qui l'on est quand on a deux facettes en soi ... Une plus sage et une extravagante ^^<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne soirée,
F
Bonsoir, <br /> <br /> <br /> <br /> Des années durant je fus un homme sage, tranquille. Ma vie a changé, contre mon gré. Suite à cela, j'ai mordu à pleines dents dans ce que la vie m'a offert. J'ai connu la passion et le plaisir. J'ai abandonné la routine pour surfer sur cette déferlante de bonheur. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui concerne ces expériences extraordinaires (dans le sens en dehors de l'ordinaire), ce furent des moments dont je me souviendrai toute ma vie. <br /> <br /> <br /> <br /> Et pour répondre à ta question, oui, à ce moment du récit, je suis fou d'elle. <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne soirée à toi <br /> <br /> <br /> <br /> Fr.
P
Bonsoir, <br /> <br /> <br /> <br /> Je me trouve tellement sage face à tes expériences. Cela me choque pas, et je pense même que cela peut être excitant même si ce n'est pas commun. Quoi que ! <br /> <br /> J'avoue avoir souris en lisant ton article! <br /> <br /> En fait, tu en es fou de cette femme ? <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne soirée !
F
Bonjour Nathalie <br /> <br /> Merci pour ton commentaire, cela fait plaisir de savoir que mes mots te parlent. <br /> <br /> J'espère que la suite te parlera tout autant <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne journée <br /> <br /> <br /> <br /> Fr.
N
Excuse moi, tu me trouveras, si tu as envie de me lire, dans la rubrique amours et sentiments, mon blog = le carnet rose de lilie.
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